samedi 30 décembre 2017

Ma vie avec l'Hidalgo don Quichotte. Dominique Aubier. Texte inédit.

Extrait d'un texte inédit de Dominique Aubier,
tiré de son livre 
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».

Ce livre sera peut-être publié si je parviens à réunir les fonds nécessaires. (dbr)

L'extrait concerne les enseignements de Don Juan, le Sorcier Yaqui, rendu célèbre par l'ethnologue Carlos Castaneda. Dominique Aubier a attaché une très grande importance à la leçon initiatique de l'Amérindien qu'elle considérait comme l'un des plus grands initiés contemporains. Elle lui a rendu hommage dans son livre « Le Secret des Secrets ».
Ici, elle approfondit certains aspects de son enseignement qu'elle met en relation avec le Zohar.


« Dans le système de Don Juan, le sorcier amérindien, l'appel existe. Il est un acte spécifique du maître accrochant le disciple dans l'être qui lui est proposé. La scène en est relatée dans toutes premières pages du livre de Carlos Castaneda, Voir, les Enseignements d'un sorcier Yaqui, paru aux éditions Gallimard.

« Il faut ici apporter une mise au point. Don Juan ne choisit pas lui-même son disciple. Il le reconnaît grâce à certains indices. C'est l'Invisible qui le désigne à son attention, par l'intermédiaire de quelques minuscules opportunités. Quand le vieil indien entra dans la gare d'autobus d'une ville de l'Arizona (la ville n'est pas nommée et c'est bien dommage, car son nom devait recéler une information précieuse dont le sorcier aura, à coup sûr, fait usage), il savait déjà qu'il devait découvrir l'homme à qui livrer sa connaissance. Il se peut que, ce jour-là, un signe lui ait fait savoir que la rencontre était imminente.

Ce qui est certain, c'est qu'une indication concrète pour un initié vigilent lui a été fournie à l'instant même où l'étudiant en ethnologie, Carlos Castaneda, s'est approché. L'ami du chercheur qui l'attendait à la gare n'a pas fait les présentations. Il n'a pas fait. En omettant de faire ce que toute courtoisie et usage oblige de faire, il a fait ce que l'Invisible désirait. L'absence de cérémonial : voilà ce qui s'est vu dans le miroir du manifeste. Donc, de l'autre côté, quelque chose se mirait : le protocole positif des présentations.

« Un initié comme Don Juan est incessamment branché sur le visible dont il traduit imperturbablement les messages s'ils sont symboliques, dont il reçoit les ordres en direct s'ils sont parlés ou montrés. Je m'expliquerai plus tard sur cette technique de perception dont la vie devait m'enseigner l'usage, le moment venu. Mais il faut bien la prêter à l'Indien si l'on veut comprendre qu'aussitôt il agisse pour « accrocher » le disciple dans le passant. Certes, le nouveau venu lui offre l'occasion idéale pour que l'appel se fasse : il prétend connaître le peyotl et il ment. Le mensonge aussi révèle. Pour un homme de connaissance, le mensonge indique le contraire de ce qu'il veut faire croire. 


« Carlos Castaneda veut faire croire au vieil Indien qu'il est capable de soutenir un dialogue intéressant au sujet du peyotl. L'Indien qui connaît véritablement le peyotl analyse aussitôt le mensonge et y voit la preuve par l'envers que le dialogue intéressant doit avoir lieu. Cette manière de redresser relève aussi du dispositif de la Tête. L'hémisphère gauche (gauche d'une personne parlant d'elle-même) qui possède le langage présente les informations de haut en bas, si l'on me permet de le dire ainsi. L'hémisphère droit qui assure la manifestation de l'information la traduit à l'envers, suivant un effet de miroir. Ceci résulte des positions en face à face des deux hémisphères. L'un reçoit l'influx de haut en bas et l'autre le reçoit sur le retour, de bas en haut, après échange latéral d'un hémisphère sur l'autre. Si bien que, dans le manifeste, il y a toujours un effet à remettre dans sa droiture pour atteindre l'information dont il est le résultat.

« Don Juan perçoit successivement deux indices d'avoir à identifier son disciple dans l'ethnologue. Il répond à ces indications à la vitesse de la pensée vigile. Que fait-il ? Il prend une certaine posture mentale, celle qui met le Verbe au front comme une fronde, et il décoche une pierre, la pierre de regard, dans l'œil de son vis-à-vis. Cette pierre de regard, qu'est-ce ? C'est lui-même en qui l'énergie du Verbe est coulée. Mais cette énergie, d'où vient-elle ? Si la Tête est le modèle de la Création, comme l'affirme le Zohar (au chapitre des omissions) ce sont des axones qu'il faut concevoir dirigeant sur nous l'influx central de cette corticalité en action. Le Zohar se représente ainsi les choses quand il parle de la « force cachée qui se ramifie dans toutes les directions », dégageant « des rayons utiles au monde et d'autres qui ne le sont pas » (tome II, page 592). Utiles quand ils excitent des cellules placées dans l'hémisphère moteur, non utiles mais nécessaires quand ils irritent des cellules agissant pour le compte du manifeste, dans l'hémisphère en face.
C'est là un distingo subtil et il suffit à faire comprendre que tous les hommes ne soient pas également sensibles à l'appel de la vérité. Ceux qui servent dans l'hémisphère moteur perçoivent plus aisément le mystère d'être que ceux qui servent l'hémisphère spécifiquement manifestant. Certes, l'imbrication complexe des structures l'une dans l'autre fait qu'il y a droite dans la gauche et gauche dans la droite, et que l'être soit le résultat d'une coopérative de sommations contradictoires ou associées, prédéterminant sa capacité de percevoir plus ou moins fort l'influx informationnel.


« Il importe de le souligner car certains hommes sont portés à nier l'existence du mystère d'être, bien qu'ils le ressentent parfois. Ce n'est là qu'une disposition sensible. Il vaut mieux être sensible. Mais celui qui ne le serait pas peut néanmoins dégager son être et réussir à la performance de vivre en pleine connaissance de cause, pour peu qu'il aille vers la Connaissance par les voies qui lui sont naturellement ménagées : celles de l'intellect… si possible celles du cœur. Le cœur étant synonyme d'intelligence ».


 

Extrait d'un texte inédit de Dominique Aubier,
tiré de son livre :
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».


Ce livre sera peut-être publié si les fonds nécessaires sont réunis.

Tous les livres de Dominique Aubier.

mercredi 20 décembre 2017

La Face cachée du Cerveau. Par Dominique Aubier. Le Code des Archétypes

La Face cachée du Cerveau…

Chaque tradition dispose d'un lexique permettant de prendre langue avec l'invisible. Ce vocabulaire dépend de la région du monde où cette tradition est logée. Il est lié à la langue parlée de cette province de l'esprit. Il subit l'inflexion de ce filtre.  D'où l'extrême diversité des rites, croyances, religions qui toutes célèbrent le même principe d'unité.
Ce principe, quel est-il ?
Au fond, la Connaissance, l'Humanité la possède déjà.  Dans la latence de la pensée imagée. Maintenant, face à la barbarie du monde moderne, il faut la redonner sous une forme indiscutable et universelle. Et identifier le Principe d'unité.
Dominique Aubier s'est appliquée à rendre intelligible chaque unité de signification de la Connaissance.
Chaque article de loi y est traité isolément, entouré d'une double haie de renseignements. Une ronde d'affirmations empruntées à diverses traditions forment le premier encerclement. Le second se compose de descriptions scientifiques visant le même point de vue. Le parallélisme entre les deux séries d'arguments est d'un effet singulier. 
La Face cachée du Cerveau. En deux volumes.
Il apparaît que, point par point, la Connaissance traditionnelle et la Science ont découvert l'existence des mêmes faits, bien qu'elles ne les aient pas regardés du même observatoire ni dans la même perspective. Les références ne se superposent pas exactement, elles se complètent. La dualité des repères composent un jeu d'optique comparable à celui des lunettes dont un verre est rouge et l'autre vert et qui, en se combinant, mettent en relief une image à deux dimensions. Impossible de ne pas constater l'effet produit.
La documentation est riche. L'auteure a parcouru tous les sentiers traditionnels de la terre, elle a marché dans tous les chemins du savoir et de l'expérience. L'érudition dépasse en ampleur tout ce que je pensais qu'un être humain puisse accumuler. Et cette formidable masse de savoir a ici… la gentillesse de se discipliner, de se ranger au service d'une explication franche et directe. On ne peut guère résister à la cohérence des arguments.
Cette technique d'enveloppement, en outre, se maintient d'un principe sur l'autre. C'est vrai pour chaque article de loi, cette cohérence science-tradition. À la longue, l'édifice logique devient impressionnant. Pas une rupture. Pas une exception. 
Si la convergence des deux points de vue ne se manifestait qu'une fois, voire même plusieurs fois, sans s'étendre obstinément à tous les faits considérés, on aurait pu douter de la valeur de la thèse. Mais du haut en bas de l'échelle, tous les principes énumérés se laissent recouvrir par la même théorie. Déconcertante, cette nomenclature de règles dont chacune et toutes sans exception acceptent d'être incorruptiblement attestées par les deux lectures du réel. La constance du procédé explicatif n'a d'égale que la permanence de l'effet de conviction résultant de son emploi.

Rien de semblable, à mon sens, n'existe à ce jour dans la librairie du monde. Il me semble que jamais personne n'a réalisé une synthèse de cette envergure, dans un langage aussi direct. C'est un véritable dictionnaire des principes jadis ésotériques de la Connaissance. À la longue, cette imperturbable logique garantit la réalité du modèle porteur : il semble — non : il est certain — qu'il existe une structure absolue (pressentie par Raymond Abellio, mais il ne l'a pas identifiée) guidant les opération constructives, aussi bien dans le domaine de la matière que dans celui de la pensée et de la vie culturelle. « Structure absente » comme se plaisait à l'affirmer Umberto Eco, sous prétexte qu'il ne l'aurait pas observée ? Bien au contraire : structure hyper - présente affirme Dominique Aubier. Structure et lois systémiques identifiées et mises au clair dans cette Face cachée du Cerveau.

J'y ai trouvé exactement ce que mon esprit, depuis longtemps, appelait intuitivement quand il partait à la recherche du paradis perdu, dans la forêt des traditions. Cela se trouve là, dans ce livre, exprimé dans le langage le plus précis que ma conscience puisse souhaiter.

Ce livre — en deux volumes inséparables — dont c'est déjà la quatrième édition (mais les médias en ont-il jamais parlé ?) donne à comprendre ce qui jusque là constituait de vastes énigmes : ces articles de loi deviennent clairs, ces unités de signification sont cloués sur leur sens, et deviennent des figures de la vie vivante. Les informations scientifiques collectées suffisent à démontrer le bien fondé des découvertes : les références traditionnelles recueillies prouvent qu'en effet les critères de la pensée symbolique actifs dans la pensée d'un initié s'intègrent à sa pensée quotidienne et lui permettent d'agir.

Livre éblouissant. Que d'aucuns trouvent ardu et difficile. C'est vrai. Mais l'effort intellectuel est payant.
Dominique Blumenstihl-Roth

La Face cachée du Cerveau 
Tome 1. Le Moteur Immobile
Tome 2. Le Bienfaiteur sublime
(en librairie, Amazone, Decitre)

vendredi 1 décembre 2017

Cervantès, Don Quichotte et la Méditerranée. Par Dominique Aubier. Audio.

Cervantès, Don Quichotte et la Méditerranée.

Un enregistrement audio de Dominique Aubier.

Hommage à Dominique Aubier qui raconte comment elle a rencontré Don Quichotte.
La Méditerranée au cœur de la Connaissance et des voies de la révélation.

Pour retrouver la voix de Dominique Aubier

Una foto de la casa de Dominique Aubier en Carboneras, Almeria (1992)

« L'amour l'emporta sur la précaution. Et ce fut sagesse. Je comprends aujourd'hui que ma place était à Carboneras. C'est à cet endroit-là et non ailleurs que pouvait se localiser sans erreur l'opération dite Qorban en langage rituel hébraïque. Il existe certes au Portugal et dans la province de Cuenca d'autres villages qui portent le même nom. Mais ils ne sont pas placés au bord de la grande Bleue, juste en face de Jérusalem. Ils ne bénéficient pas de la faveur symbolique dont la mer est le réservoir nominaliste. La mer, les eaux, Maïm, définit l'unité de la Connaissance. Ce nom est formé par les mots mi et ma (qui et quoi) qui participent au nom de Mami, celui de l'argonaute dont Cervantès célèbre la vigueur essentielle. Il faut posséder le quoi instruit par les choses, dans la perspective de la raison, et posséder mieux encore le qui. C'est bien dire le secret de l'être au sujet de quoi on s'interroge. Dans le mot qui nomme la mer, le qui est lu en quelque sorte à l'envers. C'est là un effet extrême de pertinence. Dans l'unité cérébrale, les deux hémisphères sont en miroir. Les deux types de pensée qui résultent de cette dualité s'affrontent dans le renversement. Et quand les choses, du fait de l'insertion de la vie dans le manifeste, apparaissent dans le sens direct de l'écriture du réel, alors c'est le mi qui semble être à l'envers. Mais la Connaissance redresse les images et remet le mi à l'endroit, ce qui donne alors le nom de l'argonaute Mami.
Si Carboneras n'eût pas été devant la mer comme un pêcheur assis devant sa ligne, le nom du village n'eût pas intégralement collaboré à l'opération indiquée par le préfixe carbon, du verbe rapprocher qui agit dans le mot Qorban. Le signal nominal n'eût pas rencontré la complicité symbolique de la mer adjoignant l'évidence signalétique de la Connaissance. Car le Qorban concerne la Connaissance. Pour l'avancement évolutif, c'est au sein de la Connaissance quand elle s'appuie sur ses deux secteurs, le Savoir et l'Initiation, que le Rapprochement dialectique est requis. C'est là qu'il est opérant. C'est là qu'il concerne le cycle et l'histoire et l'aventure humaine, laquelle n'a plus de vertu si elle perd la virginité que lui fait l'esprit, son unique moyen d'avancer, son seul soutien.
J'ai admis bien plus tard que certaines forces mystérieuses avaient su avant moi que le site convenable au Qorban de notre époque était précisément ce village devant la mer où j'ai dû prendre pied et me maintenir, m'incruster en quelque sorte au prix d'une suite de misères qui m'ont appris du moins que je ne me trompais pas en restant. C'était mon lieu de pouvoir, l'endroit juste pour la pensée exacte. Je ne suis vraiment moi-même que dans la maison sur la butte dont aucune adversité n'a pu me chasser… »